
Soirée d’hommage Missak MANOUCHIAN


Vendredi 6 janvier 2023 a eu lieu la rencontre traditionnelle entre les élèves de lycée Hélène Boucher à Paris et des témoins venus leur parler de la Seconde guerre mondiale.
La dernière rencontre de ce type avait eu lieu le 6 mars 2020, quelques jours avant le confinement. Nous étions inquiets de savoir si la nouvelle génération d’élèves se montrerait aussi intéressée que la dernière que nous avions rencontrée. En effet, en près de trois ans, la population scolaire d’un lycée est entièrement renouvelée.
Nos inquiétudes ont été très vite totalement levées, les élèves étant venus en très grand nombre, plus de 250, pour rencontrer les 20 personnes venues leur parler de cette période dramatique de notre Histoire. 19 groupes de discussion ont été organisés, un couple ayant demandé à témoigner ensemble. L’attitude des élèves, leur attention, leurs questions, ont montré l’intérêt qu’ils ont porté à cette rencontre.
Il y avait en face d’eux, selon les tables, trois résistants, dont un résistant déporté, des enfants cachés, des enfants de résistants (dont la plupart ont écrit des livres de témoignage sur leurs parents), des responsables d’associations de la Mémoire, une artiste engagée sur la question de la transmission de la Mémoire.
Il faut souligner qu’une telle rencontre n’a pu se faire que grâce à l’engagement total du lycée autour de notre projet.
La proviseure, Madame Schachtel, les équipes pédagogiques, l’intendance, le secrétariat, tous ont permis la réussite de cet événement.
Rendez-vous a donc été pris pour l’an prochain afin de faire vivre ce moment de formation civique et citoyenne des jeunes qui, eux mêmes, nous encouragent à continuer.
Ci-dessous photos de la salle et deux photos de nos témoins, membres de l’ADVR, Odile de Vasselot, résistante, et Jean Villeret, résistant déporté.
Le 15 juin1943, Jules Dumont, le »colonel Paul », chef militaire FTP de la région Nord-Pas-de-Calais-Aisne-Ardennes, colonel des Brigades Internationales pendant la guerre d’Espagne, chef du « bataillon Commune de Paris » de la première Brigade, puis chef du « bataillon la Marseillaise » de la 14e Brigade, qui va être fusillé au Mont Valerien, écrit à sa famille sa dernière lettre… Bien des années après, Françoise, sa petite-fille, découvre cette lettre dans un tiroir.
Il s’ensuit alors un long cheminement au cours duquel elle écrit une biographie de son grand-père : « La promesse de l’oubli », puis un roman pour la jeunesse : « Isidore d’Espagne », et enfin ce petit livre de réflexions autour de cette dernière lettre de Jules Dumont : « Le seuil de cet instant » (editions Tirésias-Michel-Reynaud.). Au cours de ces quatre-vingts pages d’un style très poétique, elle laisse errer sa pensée autour de cet événement qui la hante, pour essayer de savoir comment Jules Dumont a vécu les derniers instants de sa vie.
Un beau texte, et un bel hommage de sa petite-fille à cet homme
qui a tout sacrifié à la lutte qu’il a menée contre le fascisme.
Y. B.
Mardi 15 novembre 2022 nous avons présenté le film de Vincent Perez « Seul dans Berlin », adapté du livre de Hans Fallada.
L’histoire est inspirée d’un fait réel et il évoque l’action d’un couple d’ouvriers allemands qui décide, après la mort de leur fils à la guerre, de mener une action de résistance au régime nazi. Dans une atmosphère de délation omniprésente, de répression impitoyable, ils mènent leur combat jusqu’au bout en espérant que leur voix sera entendue, ne serait-ce que par une seule personne.
Le film montre bien l’atmosphère de peur, de soumission, mais aussi d’adhésion au nazisme qui règne dans le Berlin de la guerre.
Le débat qui a suivi le film a été riche et passionnant. Il s’est déroulé dans une salle comble avec un public de qualité qui a posé les bonnes questions permettant d’approfondir les thèmes portés par le film.
La discussion a été animée par Hélène Bayard, fondatrice de la Compagnie de l’Arbre sec avec laquelle nous avons déjà beaucoup travaillé, qui a su, notamment grâce à sa réflexion sur la montée du nazisme lors de l’adaptation qu’elle a réalisée de la pièce de Brecht « Grand peur et misère du Troisième Reich » apporter un éclairage vivant sur la situation montrée par le film. Je la remercie, au nom de notre association, de la qualité de sa présentation et de sa participation.
Ci-dessous deux photos de la séance
Jeudi 7 avril l’ADVR a reçu, à la Mairie du 20e, Etienne Egret, secrétaire-mémoire du camp de Voves pour une conférence intitulée « Voves, un camp de concentration en France ». Etienne Egret après nous avoir présenté l’histoire du camp a évoqué avec passion la vie quotidienne des détenus. Il a présenté les multiples activités culturelles de « l’université » organisée par les prisonniers, essentiellement des communistes qui maintenaient ainsi le moral et préparaient l’avenir. Etienne Egret nous a conté les évasions dont les plus spectaculaires sont celles des faux gendarmes et celle du tunnel. Une dizaine de prisonniers déguisés en gendarmes ont ainsi franchi l’entrée du camp à la barbe des gardiens et se sont évanouis dans la nature. Quant au tunnel (creusé sur plus de 140 mètres en évacuant 70 m3 de terre), qui a servi de modèle pour le film ‘La grande évasion », il a permis
l’évasion de plus de 40 prisonniers. Tous les évadés ont repris le combat et un certain nombre d’entre eux y ont laissé leur vie. Le camp de Voves n’était pas qu’un simple camp d’internement il était aussi un réservoir d’otages et l’antichambre de la déportation vers les camps allemands.
Inlassablement Etienne Egret poursuit son travail sur le camp de Voves: réaménagement du
musée, cérémonies mémorielles, conférences, copublication avec Dominique Philippe d’ouvrages: « Voves 1942-1944, un camp en Eure-et-Loir », « Voves 1942-1944, l’Université, culture et résistance » et un troisième est en préparation.
N’oublions jamais, écrivent Etienne Egret et Dominique Philippe, que sur plus de 2000
internés à Voves, 605 ont été déportés en Allemagne et seuls 194 ont survécu.
Compte-rendu de la table ronde de l’ADVR du mardi 11 octobre 2022
Notes prises et mises en forme par Geneviève Guyot, ADVR
Sujet : La répression des Tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale.
Interventions de Monique Heddebaut, historienne, puis de Kkriss Mirror, dessinateur.
Monique Heddebaut nous fait un exposé très pédagogique, instructif et très poignant du Convoi Z, qu’elle présente dans
son livre « Des Tsiganes vers Auschwitz – le convoi Z du 15 janvier 1944 » (éditions Tirésias).Elle intervient dans le Nord
Pas de Calais et la Belgique.
L’appellation « Tsigane » est complexe. Arrivés dès le X° siècle du nord est de l’Inde, ils migrent dans tous les pays d’Europe.
Petit à petit, ils s’agrègent aux autochtones. Leur point commun serait que ce sont des populations nomades.
Dès la fin du XIX° siècle, début du XX°, les états ont la volonté de maîtriser les mouvements des populations et de les
contrôler. Les premières mesures touchent les hors-la-loi et les nomades ( loi de 1912). Les techniques en développement
chez la police (dactyloscopie, photographie) permettent la réalisation des premiers Carnets Anthropométriques. Les nomades
forment des populations itinérantes ; ils sont considérés comme vagabonds à caractère ethnique, identifiés par leur langue et
leur mode de voyage.

Débat avec Hélène Bayard, Professeure agrégée de lettres et aussi professeure de théâtre. Hélène Bayard a fondé en 1980 la Compagnie de l’Arbre sec. Avec cette compagnie elle a créé de nombreux spectacles, notamment de Brecht dont « Grand peur et misère du Troisième Reich », que l’ADVR vous a proposé le 22 mai dernier, ainsi qu’une adaptation du livre de Kressman Taylor, « Inconnu à cette adresse », que nous vous présenterons prochainement. Son travail l’a amenée à approfondir sa réflexion sur le nazisme, sa conquête du pouvoir, ses crimes et la difficulté pour les Allemands de résister à ce régime. Comment un couple d’ouvriers allemands , Otto et Anna, s’engage dans une résistance désespérée contre le nazisme.