Archives pour la catégorie Débat

Compte-rendu de la séance film et débat consacrée à Jean Zay le 6 mars 2023

Lundi 6 mars 2023 l’ADVR a consacré une séance à Jean Zay ministre de l’Education nationale et des Beaux-Arts du Front populaire. C’est une figure de la Résistance qui est longtemps restée trop peu connue. Certes, Jean Zay est entré au Panthéon en 2015 aux côtés de Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Antonioz, Germaine Tillion, et cette cérémonie a permis d’évoquer son personnage à sa juste valeur. Mais depuis, le temps a passé et il nous a semblé intéressant de nous arrêter sur sa personnalité et son œuvre à travers le film de Catherine Bernstein : « Jean Zay, un crime français » et l’intervention, pour le débat qui a suivi le film, d’Hélène Mouchard-Zay, sa fille, fondatrice du Cercil (Centre d’études et de recherches sur les camps d’internement du Loiret) installé à Orléans, et qui est une réalisation remarquable.

Jean Zay a modernisé l’enseignement, il a introduit le sport à l’école, prolongé la scolarité jusqu’à 14 ans(1), créé l’ENA pour démocratiser le recrutement dans la haute fonction publique, créé les Crous ( Centres régionaux des oeuvres universitaires), le CNRS. Mais il a aussi, en tant que ministre des Beaux-Arts, de belles réalisations à son actif comme le musée d’Art moderne, le musée des Arts et Traditions populaires, le festival de Cannes. Certes la première édition du festival de Cannes n’a pu se tenir à cause de la guerre, mais on sait ce qu’il est devenu par la suite, et surtout il avait pour rôle de ne pas laisser la culture cinématographique sous contrôle du fascisme italien qui organisait le seul festival international de cinéma de l’époque.

Député radical-socialiste du Loiret à 27 ans, engagé volontaire à la déclaration de guerre, après l’armistice il s’embarque avec d’autres parlementaires sur le Massilia pour continuer la guerre dans l’Empire. Arrêté à son arrivée au Maroc, il est jugé pour « désertion devant l’ennemi » et condamné à la déportation à vie. Comme Dreyfus!

Il est finalement emprisonné en France durant toute la guerre et le 20 juin 1944, extrait de sa cellule par des miliciens il est assassiné.

On peut se demander pourquoi un tel acharnement contre un homme courageux tel que Jean Zay. Hélène Mouchard-Zay nous a donné quelques pistes. Né d’un père juif et d’une mère protestante, il n’était donc pas juif en tant que tel, d’autant plus que sa famille était absolument laïque. Héléne nous a expliqué l’origine de la haine déclenchée à son encontre. Certes il était Franc-maçon, ancien ministre du Front populaire, de gauche, mais surtout il était considéré comme « juif caché» ou «juif intégré» par l’extrême droite française et le régime de Pétain pour qui ces personnes étaient jugées les plus dangereuses, parce que pas ou peu visibles.

Ce 6 mars, la salle était pleine et tout le monde en a apprécié la richesse et son atmosphère chaleureuse.

(1) En 1937Jean zay a inauguré le luxueux lycée Hélène Boucher (seul lycée de filles de l’Est parisien et de la banlieue proche) construit par le Front populaire dans lequel, chaque année, nous organisons nos rencontres de témoignages sur la période de la Seconde guerre depuis plus de 25 ans

Photos : Miguel Vallecillo Mata

Invitation projection-débat : film « Jean Zay, un crime français »

Invitation pour la prochaine séance de  l’Association de Défense des Valeurs de la Résistance qui aura lieu le lundi 6 mars, à 16h, Mairie du 20e, salle des mariages (attention, nous avons changé de salle). Ce sera une projection suivie d’un débat autour de Jean Zay,  ministre de l’Education nationale et des Beaux-Arts du Front populaire.

Le film proposé  sera « Jean Zay, un crime français », de Catherine Bernstein, et le débat sera animé par Hélène Mouchard-Zay, fille de Jean Zay.

Rencontre ADVR autour de Joseph Epstein Film de Pascal Convert, discussion avec Georges Duffau-Epstein

Le 11 janvier 2022, l’ADVR a organisé, à la mairie du 20°, une rencontre autour de la figure de Joseph Epstein à partir du film de Pascal Convert : « Epstein, bon pour la légende ». La discussion était animée par Georges Duffau-Epstein, son fils.
Le film, tout en présentant le résistant que fut Epstein fait une large part à l’homme qu’il fut.
La figure d’Epstein a aussi été dessinée à partir de précieuses interviews, comme celles de Lucie et Raymond Aubrac, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Albert Ouzoulias, etc. Moments intenses puisque toutes ces personnes ont disparu…
La discussion qui a suivi le film tout en nuances de Pascal Convert a été particulièrement intéressante et a amené Georges Duffau à préciser quelques interrogations, notamment sur la place d’un fils par rapport à un père héros de la la Résistance. Georges Duffau nous a montré comment, grâce au film, ce père exceptionnel qu’il considérait comme un héros, voire comme un dieu est devenu tout simplement son père, découverte qui fut pour lui extraordinaire. Certes, nous a dit aussi Georges Duffau, on ne refait pas l’histoire, mais le poste que son père occupait jusqu’à son arrestation en novembre 1943, celui de chef régional des FTP de la région parisienne, fut confié à Henri Rol-Tanguy.
On peut alors imaginer que l’artisan de la libération de Paris aurait pu être Joseph Epstein.
En tout cas, si la figure de Joseph Epstein est sortie de l’oubli injuste où l’Histoire l’avait placée, lui le juif polonais, elle reste encore trop méconnue car, pour nous, il reste l’ archétype du héros de la lutte antifasciste : brigadiste en Espagne républicaine, engagé volontaire en 1939, prisonnier, évadé, responsable FTP, arrêté, torturé mais il ne parle pas, fusillé. L’ADVR est heureuse d’avoir pu, à son échelle, raviver sa mémoire et rappeler la place dans les combats pour notre liberté qui fut la sienne.

Projection-débat du film de Pascal Convert : « Epstein, bon pour la légende »

L’ADVR vous invite à la projection-débat du film de Pascal Convert :

« Epstein, bon pour la légende »

Débat avec Georges Duffau, fils de Joseph Epstein

Mardi 11 janvier, Mairie du 20°, place Gambetta. 16 heures, salle des mariages

Joseph Epstein, colonel Gilles, un héros oublié.
Né en Pologne en 1911 dans une famille juive, Joseph Epstein s’engage dès 1936 dans
les Brigades internationales. A son retour en France il est interné à Gurs d’où il s’évade.
En 1939 il s’engage dans l’armée et, fait prisonnier, interné à Leipzig, il s’évade à
nouveau pour continuer son combat antifasciste dans la Résistance. Début 1943, nommé
chef des FTP de la région parisienne (région Ile de France) sous le nom de colonel Gilles,
il développe de nouvelles techniques de guérilla urbaine particulièrement efficaces. Arrêté
le 16 novembre 1943 en même temps que Manouchian, torturé par les Brigades
spéciales, il ne parle pas. Il est fusillé le 11 avril 1944 au Mont-Valérien.