Robert Chambeiron
Extraits d’une interview préparée par Yves Blondeau, Président de l’ADVR et réalisée par Vincent Goubet pour son film « Faire quelque chose » sorti sur les écrans en janvier 2013 et dont des extraits sont repris dans le livre, « Rester debout » d’Yves Blondeau paru en 1014. L’entretien est réalisée au domicile de Robert Chambeiron.
Thèmes abordés : Rencontre avec Jean Moulin / départ de Jean Moulin pour l’Angleterre / Création du CNR / Problèmes de sécurité / Fonctionnement du CNR et nécessité de l’unité / La question de l’unanimité et de la démocratie / Le problème de sécurité et de clandestinité / L’arrestation de Jean Moulin et ses conséquences sur le CNR / Les divergences au sein du CNR
Montage de Miguel Vallecillo Mata
Odile de Vasselot
Résistante réseau Zéro, Ligne Comète et à nouveau réseau Zéro (1er partie)
Odile de Vasselot eut le privilège d’entendre, le 18 juin 1940, l’appel de celui qu’elle ne connaissait que sous le grade ce colonel, le général de Gaulle… Sur un poste à galène fabriquée par son frère ! Elle ignorait alors que cet appel allait être historique.
Très vite, à la recherche d’engagement pour « faire quelque chose » elle intègre le réseau de renseignements «Zéro ». Ce réseau, dirigé par des professionnels du renseignement, utilise Odile de Vasselot, sous le pseudonyme de « Danièle », comme agent de liaison pour le « courrier descendant’, à destination de l’Espagne (pour être ensuite envoyé en Angleterre, via Gibraltar) et pour le « courrier remontant » destiné au réseau. Pour cela, à 17 ans, cette jeune fille qui n’a jamais pris le train seule doit inventer des prétextes justifiant qu’elle « découche » le vendredi soir pour passer la nuit dans le train de Toulouse, et le samedi soir pour une deuxième nuit dans celui de Paris, tandis que sa mère la croit sagement en train de travailler chez une amie à Versailles… Lorsque son contact à Toulouse, Rolande, est arrêté, son chef lui demande de quitter le réseau pour raisons de sécurité.
Odile de Vasselot, au chômage, comme elle le dit, cherche alors une autre voie pour continuer son action en faveur de la Résistance. Elle intègre ainsi la ligne d’évasion «Comète », créée en Belgique et qui convoie les aviateurs alliés, Anglais, Américains, Canadiens, Australiens, tombés air en Belgique, jusqu’en Espagne ou une voiture diplomatique anglaise les transfert à Gibraltar. Le réseau d’évasion Comète est une création extraordinaire : pour parvenir à récupérer les «boys » tombés en Belgique, Nemo, l’un des organisateurs de ce réseau, a contacté un peu partout les médecins, les curés, les instituteurs pour leur dire que si dépaysant ou d’autres personnes les informaient qu’ils avaient recueilli des aviateurs alliés, il devait entrer en contact avec lui. C’est-à-dire que des centaines de personnes connaissaient Ném… Et personne ne l’a dénoncé ! Bien sûr, le réseau devait aussi organiser le transfert par le train en fournissant vêtements, cartes d’identité multiples et en les faisant accompagner. C’est à cette étape du travail
que participa Odile de Vasselot. Lorsque le réseau fut infiltré et démantelé, Odile de Vasselot échappa de peu à l’arrestation. En effet, la Gestapo intercepta dans le train deux aviateurs qu’elle convoyait sans penser un seul instant à interroger cette jeune fille qui pourtant se trouvait au moment de l’arrestation entre les deux aviateurs…
Film de Miguel Vallecillo – Interview recueillie par Y. Blondeau et M. Vallecillo, le 8 mai 2020.
Odile de Vasselot
Résistante réseau Zéro, Ligne Comète et à nouveau réseau Zéro (2ème partie)
Film de Miguel Vallecillo – Interview recueillie par Y. Blondeau et M. Vallecillo, le 8 mai 2020.
Willy Gruska Résistant, fils des déportés
Exposition : « UNE FAMILLE JUIVE DANS LA TOURMENTE »
Conçue grâce à un travail de recherches en archives, mais, plus encore, grâce à la coopération confiante établie avec deux familles : la famille Gruska, de Strasbourg, dont l’histoire est au centre de l’expositio,n mais aussi la famille Dupuy-Lespine, de Périgueux, qui a joué un rôle essentiel dans le sauvetage des enfants Gruska. L’exposition repose donc sur l’histoire et la mémoire, intimement croisées ainsi que sur des documents privés ou publics, la plupart du temps inédits.
Les parents de Willy Gruska sont déportés par le convoi numéro 62 du 21 novembre 1943 et assassinés à Auschwitz. Marcel, le petit frère, est caché par des familles bénévoles et Willy entre dans un maquis. Il participe aux combats de la libération de la Dordogne et à la libération d’Angoulême.
Film de Miguel Vallecillo sur des images prises par la petite- fille de Willy, Natacha.
Marcel Jaurant-Singer Résistant, agent secret
Après avoir rejoint l’Angleterre, il est devenu membre du SOE britannique, section française (special operations executive) créé par Chruchill « pour mettre le feu » à l’Europe occupée. Cet ancien résistant et agent secret, capitaine du S.O.E., parachuté en mars 1944 pour devenir opérateur radio dans la région de Chalon-sur-Saône, il forme plusieurs opérateurs radio et participe à la guérilla lors de la libération à la tête d’un groupe de plus de 300 maquisards. M. Jaurant-Singer a témoigné au lycée Hélène Boucher de très nombreuses années
Film de Miguel Vallecillo Mata. Avec les questions d’Yves Blondeau et Julien Le Gros dans sa maison de Plaisir en Région Parisienne le 3 décembre 2021
Jacques Klajnberg Résistant, enfant caché
Jacques Klajnberg, enfant caché , devenu combattant FFI à 16 and , a participé aux combats de la libération d’ Ouzoire La Ferrière. Avec son épouse ils sont à l’origine de la création du Comité Tlemcen qui a réalisé un exceptionnel travail de mémoire pur les enfant juifs déportés et assassinés à Auschwitz. Il témoigne régulièrement dans les écoles et, particulièrement, à la demande de l’ADVR, aux rencontres du lycée Hélène Boucher depuis de nombreuses années.
film de Miguel Vallecillo Mata. Interview de Jacques Klajnberg recueillie en mai 2024 par Yves Blondeau et Miguel Vallecillo
Michèle Moët-Agniel, Résistante depôrtée
Née en 1926, Michèle Moët-Agniel commence à résister dès novembre 1940. Elle est alors élève au lycée du Cours de Vincennes à Paris, futur lycée Hélène Boucher où elle distribue ses premiers tracts. Avec ses parents et son jeune frère, elle fabrique des faux papiers. Lorsque ses parents adhèrent au réseau d’évasion « Bourgogne » elle participe naturellement à leur action en convoyant les aviateurs alliés recueillis. Le 28 mars 1944, sur dénonciation, avec son père et sa mère, elle est arrêtée par la milice française qui les livre aux Allemands. Tous trois sont déportés, par le dernier train qui quitte Paris, le 15 août 1944. Michèle et sa mère sont internées à Ravensbrück, son père à Buchenwald d’où il ne reviendra pas. Le jeune frère de Michèle, âgé d12 ans et demi, qui n’est pas arrêté, parvient à prévenir le réseau!
Depuis 1980 Michèle Moët-Agniel témoigne sans relâche dans les écoles et particulièrement dans son ancien lycée où une plaque lui rend hommage.
Film de Miguel Vallecillo Mata. Nous l’avons rencontré (Yves Blondeau, Julien Le Gros et Miguel Vallecillo Mata) dans son domicile à Vincennes pour qu’elle nous raconte ces années de l’occupation, de Résistance et Déportation.
Première partie La Résistance
Michèle Agniel 2 ème partie : arrestation et déportation
Dans cette deuxième partie, Michèle Agniel évoque son arrestation ainsi que celle de ses parents, sur dénonciation, l’emprisonnement à Fresnes et la déportation à Buchenwald pour son père et à Ravensbrück pour elle et sa mère. Si Michele et sa mère, libérées par les Russes, sont revenues, son père est mort en déportation. La première partie de l’interview qui concerne l’entrée en résistance et l’action de Michèle Agniel et de ses parents dans le réseau Bourgogne, réseau d’évasion des aviateurs alliés, en 1943 ( elle a alors 17 ans et es élève au lycée Hélène Boucher à Paris), vous a été communiqué il y a quelques mois et reste visible sur notre site : advr.fr
Film réalisé par Miguel Vallecilo Mata à partir de l’interview que nous avons réalisée avec Yves Blondeau et Julien Le Gros le 31 mai 2022.
Jean Lafaurie
résistant déporté 1ere partie
Jean Lafaurie, résistant FTP, déporté à Dachau, a participé à un épisode exceptionnel de l’histoire de la Résistance : la révolte de la centrale d’Eysses.
La centrale d’Eysses est une prison installée près de Villeneuve-sur-Lot où les autorités de Vichy avaient rassemblé plus de 1200 résistants communistes.
La stricte discipline des résistants communistes avait permis une organisation exceptionnelle à l’intérieur de la centrale. Les détenus avaient obtenu du directeur le droit de monter un théâtre, d’avoir une chorale, de faire des groupes d’études, des cours (Georges Charpak par exemple donnait des cours de physique), des séances de gymnastique, d’avoir des visites, de repeindre les locaux qui étaient très dégradés, etc.
L’objectif des responsables communistes n’était pas d’améliorer le confort des détenus mais de les préparer en gardant le meilleur moral possible à une évasion collective prévue dans la nuit du 31 décembre 1943, au moment où la surveillance se relâcherait.
En vue de cette évasion, les détenus avaient réussi à faire rentrer des armes: des mitraillettes, des grenades, à faire évader l’un des leurs, Kléber (de son vrai nom Fenoglio), pour qu’il prenne contact avec la résistance extérieure. Ravanel, chef national des groupes- francs des MUR(*) est venu en personne sur place pour étudier les moyens de faciliter cette évasion. Il fallait en effet prévoir des camions pour transporter 1200 hommes, des vêtements, des papiers d’identité, des cartes d’alimentation et des lieux de chute dans des maquis! Tout cela étant mis au point, Ravanel, qui avait aussi prévu le soutien extérieur d’une soixantaine de résistants équipés de mitrailleuses et de mortiers, chargea le chef local des groupes-francs des MUR, Joly ( de son vrai nom Marcel Joyeux), de réaliser l’opération.
Cependant, lorsque au dernier moment, Joly apprit qu’il s’agissait de 1200 résistants communistes, il décida, par anticommunisme, de ne pas faire intervenir les résistants extérieurs. Sans ce soutien, les détenus durent donc provisoirement renoncer à passer à l’action.
Malgré tout, à l’occasion de la visite d’un inspecteur venu de Vichy, les détenus tentèrent le tout pour le tout et s’emparèrent d’une partie de la prison, du directeur, de l’inspecteur, d’une cinquantaine de gardiens et tentèrent la sortie. Mais le tir des mitrailleuses des miradors les bloquèrent à l’intérieur. Les combats durèrent tout l’après-midi du 19 février 1944, toute la nuit aussi. Mais au matin la prison fut encerclée par 3000 miliciens soutenus par des troupes allemandes équipées de canons. La situation des
résistants étant devenu intenable ils rendirent les armes contre la promesse qu’il n’y aurait pas de représailles.
Malgré cette promesse, de nombreux résistants furent torturés pour leur faite dénoncer les chefs de la révolte mais aucun d’eux ne parla, douze d’entre eux furent fusillés et les Allemands de la division Das Reich prirent possession de la prison. Le 30 mai 1944, les 1200 détenus communistes furent déportés, d’abord à Compiègne, puis le 19 juin à Dachau.
Tout au long de leur calvaire les prisonniers conservèrent leur esprit combatif, ce qui n’ empêcha pas que 700 des membres de ce que les prisonniers eux-mêmes ont appelé « le bataillon d’Eysses » perdirent la vie à Dachau.
*MUR, Mouvements Unis de la Résistance. Les MUR regroupent depuis janvier 1943, à la demande de Jean Moulin, les forces militaires des trois mouvements de zone sud: Combat, Libération sud et Franc-Tireur . Ravanel est nommé à leur tête en juin 1943.
Film de Miguel Vallecillo Mata. Interview de Jean Lafaurie par Julien Le Gros, Yves Blondeau et Miguel Vallecillo Mata.
Jean Lafaurie Résistant déporté. 2ème partie
Film de Miguel Vallecillo Mata. Interview de Jean Lafaurie par Julien Le Gros, Yves Blondeau et Miguel Vallecillo Mata
Jean Villeret Résistant deporté
Né en décembre 1922, Jean Villeret intègre les FTP fin 1943. Arrêté, il est déporté en juillet 1944 au camp de Natzweiler-Struthof puis à Dachau. Maintenant âgé de 99 ans, il témoigne toujours inlassablement, car rien ni personne ne peut remplacer la parole directe. Commandeur de la Légion d’honneur, il est aussi président de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes) et membre conseil d’administration de d’l’ADVR.
Film de Miguel Vallecillo, interview recueillie par Yves Blondeau, Julien Le Gros et Miguel Vallecillo Mata le 14 octobre 2021, au domicile de Jean Villeret, âgé alors de 99 ans.
Serge Wourgaft Résistant et deporté
Film de Miguel Vallecillo. Interview de Serge Wourgaft recueillie par Yves Blondeau, Julien Legros rédacteur en chef du « Patriote résistant » et Miguel Vallecillo Mata le 14 octobre 2021, au domicile de Serge Wourgaft, âgé alors de 104 ans.
Ginette Kolinka Déportée, fille des déportés
Ginette Kolinka, survivante d’ Auschwitz, témoin inlassable.
Ginette Cherkasky est née à Paris en février 1925 dans une famille juive athée de 7 enfants.
En juillet 1942, pour échapper à la rafle du Vel’ d’Hiv’ la famille se réfugie à Avignon.
Elle a 19 ans lorsqu’elle est arrêtée en mars 1944 avec son père, son neveu de 14 ans et son petit frère de 12 ans, sur dénonciation.
Internés à la prison d’Avignon puis à Drancy, ils sont déportés par le convoi numéro 71 en avril 1944 à Auschwitz. Son père et son frère sont gazés dès l’arrivée. Ginette et son neveu sont sélectionnés pour le travail. Lorsque le camp d’Auschwitz est évacué, à l’approche de l’armée rouge en janvier 1945 elle est internée à Bergen-Belsen puis à Theresienstadt. Libérée en mai 1945, elle retrouve sa mère et quatre de ses sœurs à Paris. Elle se marie et devient vendeuse sur les marchés à Aubervilliers. Son fils Richard est le batteur du groupe « Téléphone ». À partir des années 2000 elle témoigne inlassablement dans les écoles, collèges et lycées. Naturellement, elle vient témoigner au Lycée Hélène Boucher lors des rencontres élèves/témoins.
Film de Miguel Vallecillo Mata. Interview réalisée par Yves Blondeau, Anny Gruska rt Miguel Vallecillo Mata chez elle le 1 avril 2023
Yvan Korolitski Rencontre de la Mémoire au Lycée Helene Boucher – mars 2020
C’est avec un profond regret que je vous fais part de la disparition d’un résistant qui était très attaché aux actions menées par notre association. Yvan Korolitski avait été très jeune un combattant FTP-MOI des groupes Carmagnole et Liberté de Lyon et de Grenoble.
Témoin inlassable, il participait depuis toujours aux soirées de réflexion que nous organisons au lycée Hélène Boucher. Il était un homme d’une gentillesse extrême, particulièrement chaleureux; et très apprécié des élèves auxquels il s’adressait. Souvent il me parlait, avec beaucoup d’émotion, des lettres que les jeunes lui envoyaient après ces rencontres.
C’est un grand humaniste qui disparaît, victime du Covid, tout comme son épouse, fille d’un républicain espagnol, riche des mêmes qualités.
Lors de la dernière rencontre avec les élèves du lycée Hélène Boucher, le 6 mars 2020, tout juste avant le confinement,Miguel Vallecillo, qui filme nos actions, avait réalisé plusieurs petits films avec Yvan.