Mardi 15 novembre 2022 nous avons présenté le film de Vincent Perez « Seul dans Berlin », adapté du livre de Hans Fallada.
L’histoire est inspirée d’un fait réel et il évoque l’action d’un couple d’ouvriers allemands qui décide, après la mort de leur fils à la guerre, de mener une action de résistance au régime nazi. Dans une atmosphère de délation omniprésente, de répression impitoyable, ils mènent leur combat jusqu’au bout en espérant que leur voix sera entendue, ne serait-ce que par une seule personne.
Le film montre bien l’atmosphère de peur, de soumission, mais aussi d’adhésion au nazisme qui règne dans le Berlin de la guerre.
Le débat qui a suivi le film a été riche et passionnant. Il s’est déroulé dans une salle comble avec un public de qualité qui a posé les bonnes questions permettant d’approfondir les thèmes portés par le film.
La discussion a été animée par Hélène Bayard, fondatrice de la Compagnie de l’Arbre sec avec laquelle nous avons déjà beaucoup travaillé, qui a su, notamment grâce à sa réflexion sur la montée du nazisme lors de l’adaptation qu’elle a réalisée de la pièce de Brecht « Grand peur et misère du Troisième Reich » apporter un éclairage vivant sur la situation montrée par le film. Je la remercie, au nom de notre association, de la qualité de sa présentation et de sa participation.
Ci-dessous deux photos de la séance
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Compte-rendu Conférence « Voves, un camp de concentration en France »
Jeudi 7 avril l’ADVR a reçu, à la Mairie du 20e, Etienne Egret, secrétaire-mémoire du camp de Voves pour une conférence intitulée « Voves, un camp de concentration en France ». Etienne Egret après nous avoir présenté l’histoire du camp a évoqué avec passion la vie quotidienne des détenus. Il a présenté les multiples activités culturelles de « l’université » organisée par les prisonniers, essentiellement des communistes qui maintenaient ainsi le moral et préparaient l’avenir. Etienne Egret nous a conté les évasions dont les plus spectaculaires sont celles des faux gendarmes et celle du tunnel. Une dizaine de prisonniers déguisés en gendarmes ont ainsi franchi l’entrée du camp à la barbe des gardiens et se sont évanouis dans la nature. Quant au tunnel (creusé sur plus de 140 mètres en évacuant 70 m3 de terre), qui a servi de modèle pour le film ‘La grande évasion », il a permis
l’évasion de plus de 40 prisonniers. Tous les évadés ont repris le combat et un certain nombre d’entre eux y ont laissé leur vie. Le camp de Voves n’était pas qu’un simple camp d’internement il était aussi un réservoir d’otages et l’antichambre de la déportation vers les camps allemands.
Inlassablement Etienne Egret poursuit son travail sur le camp de Voves: réaménagement du
musée, cérémonies mémorielles, conférences, copublication avec Dominique Philippe d’ouvrages: « Voves 1942-1944, un camp en Eure-et-Loir », « Voves 1942-1944, l’Université, culture et résistance » et un troisième est en préparation.
N’oublions jamais, écrivent Etienne Egret et Dominique Philippe, que sur plus de 2000
internés à Voves, 605 ont été déportés en Allemagne et seuls 194 ont survécu.
Compte-rendu de la séance consacrée à la répression contre les Tsiganes pendant la guerre, rédigé par Geneviève Guyot.
Compte-rendu de la table ronde de l’ADVR du mardi 11 octobre 2022
Notes prises et mises en forme par Geneviève Guyot, ADVR
Sujet : La répression des Tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale.
Interventions de Monique Heddebaut, historienne, puis de Kkriss Mirror, dessinateur.
Monique Heddebaut nous fait un exposé très pédagogique, instructif et très poignant du Convoi Z, qu’elle présente dans
son livre « Des Tsiganes vers Auschwitz – le convoi Z du 15 janvier 1944 » (éditions Tirésias).Elle intervient dans le Nord
Pas de Calais et la Belgique.
L’appellation « Tsigane » est complexe. Arrivés dès le X° siècle du nord est de l’Inde, ils migrent dans tous les pays d’Europe.
Petit à petit, ils s’agrègent aux autochtones. Leur point commun serait que ce sont des populations nomades.
Dès la fin du XIX° siècle, début du XX°, les états ont la volonté de maîtriser les mouvements des populations et de les
contrôler. Les premières mesures touchent les hors-la-loi et les nomades ( loi de 1912). Les techniques en développement
chez la police (dactyloscopie, photographie) permettent la réalisation des premiers Carnets Anthropométriques. Les nomades
forment des populations itinérantes ; ils sont considérés comme vagabonds à caractère ethnique, identifiés par leur langue et
leur mode de voyage.

L’ADVR vous invite à une projection-débat : « Seul dans Berlin »
« Seul dans Berlin », film de Vincent Perez,
d’après le livre de Hans Fallada
Mardi 15 novembre, Mairie du 20°, place Gambetta.
16 heures, salle du Conseil
Débat avec Hélène Bayard, Professeure agrégée de lettres et aussi professeure de théâtre. Hélène Bayard a fondé en 1980 la Compagnie de l’Arbre sec. Avec cette compagnie elle a créé de nombreux spectacles, notamment de Brecht dont « Grand peur et misère du Troisième Reich », que l’ADVR vous a proposé le 22 mai dernier, ainsi qu’une adaptation du livre de Kressman Taylor, « Inconnu à cette adresse », que nous vous présenterons prochainement. Son travail l’a amenée à approfondir sa réflexion sur le nazisme, sa conquête du pouvoir, ses crimes et la difficulté pour les Allemands de résister à ce régime. Comment un couple d’ouvriers allemands , Otto et Anna, s’engage dans une résistance désespérée contre le nazisme.
COMMENT DES ADOLESCENTS EN CLASSE DE TROISIÈME PERÇOIVENT ET TRANSCRIVENT LES HORREURS DE LA GUERRE ?
Ils ont un peu entendu parler de la guerre d’Espagne au détour d’un cours d’histoire consacré à la montée des tensions en Europe à partir de 1935. Mais rien d’approfondi. En revanche, leur professeur d’arts plastiques, Sylvie BOUVART, leur a fait étudier Guernica de Picasso en partant d’un questionnaire « classique » (description, contexte artistique et historique, analyse des figures principales, composition pour quelle intention ? …), visionnant Picasso engagement politique, https://www.youtube.com/watch?v=zHc4OlCX7ms
et 1937, le bombardement de Guernica
https://www.youtube.com/watch?v=xJTnvD41C90&t=28s
À l’issue de cette première phase de travail, ils ont « retenu » le bombardement des civils comme arme de terreur et Guernica comme son archétype, symbole de la violence de masse, de la barbarie avant même la Deuxième Guerre mondiale, deuxième dans l’ordre chronologique mais Première pour le caractère d’anéantissement du conflit.
En histoire, ont été évoqués les autodafés de 1933, la nuit de cristal en novembre 1938. A propos de la guerre, on a beaucoup insisté sur la volonté d’anéantissement de peuples entiers, en cohérence avec une idéologie nazie fondée sur le racisme.
La définition de l’ennemi s’y élargit en effet considérablement et inclut désormais des catégories entières de populations. La victoire passe par leur anéantissement, sans distinction de sexe, d’âge ou de condition.
Qu’est-ce qui explique la volonté d’anéantir l’ennemi, qu’il soit soldat ou civil, Juif, communiste ou résistant ou les trois à la fois ? D’où le brouillage de la distinction entre civils et militaires, entre le front et l’arrière…
De son côté, Sylvie BOUVART leur a demandé de s’approprier l’œuvre de Picasso, de partir d’elle ou d’un autre « fait de guerre » pour concevoir une œuvre dénonçant toute forme de violence de guerre.
Les consignes de réalisation de l’œuvre étaient les suivantes : « en mettant en évidence et en scène la souffrance, le cri, la douleur, la violence… Il y aura au moins un personnage et des expressions, un animal, l’évocation d’un lieu.
Réorganiser, déconstruire et reconstruire en gardant l’idée des différents points de vue en même temps, vous pourrez redessiner, changer les échelles, ou vous servir de la photocopie telle quelle.
Technique : des couleurs. Si oui, lesquelles et pourquoi celles-ci ?
Découpage, collage, changements d’échelles, dessins, distorsions, superpositions, décadrages…
Le tout en 3 dimensions.
Sens ?
Pensez au message que vous voulez faire passer, à votre mise en scène. »
Conçu à deux ou trois, le groupe de Julien Carpentier, Kyrsten DUVAL et Nelly ZUO, a conservé le noir et blanc, avec, au centre, le pendu ; composition duale avec, à gauche, l’oppression du peuple par les nazis incarné par la figure d’Hitler et les ombres grandissantes des soldats pour augmenter l’impression d’oppression totalitaire ; à droite, le peuple des victimes, maigres et squelettiques, qui crie, qui souffre, une femme qui pleure, inspirée de la femme dans les flammes, mi- humaine, mi-animal, qui se tord de douleur avec, à l’arrière, la cheminée d’où s’échappe une forme noire, fumée humaine, référence aux camps d’extermination, à la Shoah.
Reprenant la même composition, devant nous, en bas à droite : le champ de bataille évoqué par une barricade de bouts de bois, une femme, un genou à terre, et les camps avec comme seule issue, la pelle qui creuse les tombes…
L’autre duo, Lucie BRUNEL et Félicie GUIFFAULT, a choisi une mise en scène encore plus théâtrale :
Un fond de scène rouge, évoquant le sang, la douleur et surtout les flammes. Une composition inverse avec, de gauche à droite, le personnage dans un bâtiment en flammes, ne peut qu’assister impuissant au désastre, à l’autodafé…
La forme des fenêtres rectangulaires évidées rappelle celle des livres empilés prêts à brûler, la femme, le poing levé, incarne la résistance, son sort est scellé : « là où l’on brûle les livres, on finit par brûler des hommes » (Heinrich HEINE).
Les soldats identiques comme des soldats de plomb, sans identité, sans personnalité, font barrage, barrière imposante. La pointe du « sol » vers nous, personnage, le cheval symbolisant le peuple au sol, crie de douleur, invite le spectateur à prendre part au « spectacle » et être associé au peuple impuissant devant ce barrage totalitaire qu il ne pourra franchir. Il sera lui-même terrassé devant cette puissance !
Comment s’en sortir ?
Les yeux des personnages au premier plan nous interrogent…
Marie-Laurence AUCUY, professeur d’histoire-géographie
Sylvie BOUVART, professeur d’arts plastiques.
Collège Octave Gréard.
La répression contre Les Tziganes pendant la Seconde Guerre mondiale
Avec Monique Heddebaut et Kkrist Mirror
Mardi 11octobre, Mairie du 20°, place Gambetta
à 16 heures, salle du Conseil
Monique Heddebaut est historienne, autrice de nombreux ouvrages en particulier sur la répression dont furent victimes les Tziganes pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle est membre de la commission historique du Nord et directrice de publications. Elle collabore avec le musée de Malines pour la question tzigane. Elle participe à de nombreux colloques nationaux et internationaux sur les déportations raciales et la barbarie. Son dernier ouvrage : « Des Tziganes vers Auschwitz, le convoi Z du 15 février 1944 » est publié chez Tirésias–Michel Reynaud.
Dessinateur de presse et de BD, Kkrist Mirror est Grand prix de la Ville de Paris en 1982, Prix de la Vocation de l’Institut Pasteur, Mention du prix œcuménique au festival international de la BD d’Angoulême en 2017, membre de la délégation interministérielle d’hommage aux nomades internés en France (1940-1946) qui aboutit à la reconnaissance de la responsabilité de l’État français dans l’;internement arbitraire des Tziganes.
Auteur de nombreuses bandes dessinées sur Les Tziganes.
Journée Nationale de la Résistance 2022

Brecht joué pour l’ADVR
Bonjour à toutes et à tous,
Dimanche 22 mai nous avons eu le plaisir d’assister à la représentation de « Grand-peur et misère du III° Reich », de Bertolt Brecht, magnifiquement interprétée par les acteurs de la Compagnie de l’Arbre sec, mise en scène par Hélène Bayard, dans une salle au nom prédestiné : « salle Résistance » , à Montreuil.
Hélène Bayard avait choisi de présenter 15 des 24 tableaux de la pièce et son choix s’est révélé excellent pour bien montrer les effets du nazisme sur la vie quotidienne dans l’Allemagne des années 30. Ce jour-là, la pièce a été jouée spécialement pour les adhérents et les amis de l’ADVR. La salle était pleine.
La qualité du travail de la Compagnie de l’Arbre sec, l’actualité du thème, nous ont incités à solliciter cette troupe pour un spectacle que nous vous proposerons dans le courant de la saison prochaine : une adaptation du livre de Kayrisman Taylor
« Inconnu à cette adresse » qui montre lui aussi parfaitement les méfaits de l’emprise de l’idéologie nazie sur les esprits.
Ci-dessous quelques photos de la pièce :
Inauguration de l’espace Noëlla Rouget au lycée Carnot-Bertin de Saumur
Le 28 avril 2022 avec 2 membres de l’Amicale Chateaubriand-Voves-Rouillé-
S’étaient déplacés spécialement de Suisse pour ce moment de Mémoire Patrick Rouget un des deux fils de Noëlla Rouget et Brigitte Exchaquet-Monnier et Eric Monnier, auteurs de Noëlla Rouget la déportée qui a fait gracier son bourreau (Editions Tallandier, 2020), était également présent Aubin Hellot, auteur et réalisateur pour les Films du Large qui travaille actuellement à un documentaire autour de Noëlla Rouget.
Noëlla Rouget née Peaudeau le 25 décembre 1919 à Saumur, vit à Angers où elle devient institutrice. Dès 1941 elle entre dans la résistance comme agente de liaison au sein du mouvement gaullien « Honneur et Patrie ». Elle se fiance avec Adrien Tigeot, également instituteur et résistant au sein du réseau communiste « Front National ». Adrien est arrêté le 7 juin 1943, torturé et fusillé le 13 décembre 1943. Noëlla est appréhendée chez elle le 21 juin, emprisonnée à Angers, transférée à Compiègne et enfin déportée à Ravensbrück par le convoi du 31 janvier 1944. Libérée le 5 avril 1945, elle sera soignée dans un sanatorium en Suisse, où elle se marie en 1947.
L’un des hommes de la Gestapo, qui participe à leur arrestation est un Français, Jacques Vasseur, collabo zélé qui entre 1942 et 1944 sera responsable de 430 arrestations, 310 déportations et 230 fusillés ou morts en déportation. « Evanoui » à la Libération, il est arrêté par hasard dans le Nord en novembre 1962 dans le grenier de sa mère où il se terrait depuis 17 ans. Son procès s’ouvre devant la Cour de sûreté de l’Etat , le 20 octobre 1965, qui le condamne à la guillotine.
Mais opposée à la peine de mort, Noëlla s’élève contre cette sentence et supplie le général de Gaulle d’accorder sa grâce et l’obtient en février 1966. Incomprise de ses camarades, elle répond aux reproches dans une lettre « de quel droit juger un homme si, placés aujourd’hui à notre tour en position de force, nous nous comportons comme il fit hier« . A la fin des années 1970, elle se joint à une campagne pour l’élargissement des derniers collabos emprisonnés, afin de refermer cette page de l’histoire. Vasseur est libéré en 1983 et ne donne aucun signe de vie. Il meurt en Allemagne en 2009, sans avoir jamais exprimé le moindre remord.
Katherine Courjaret