Archives mensuelles : juin 2024

Jean Lafaurie – Histoires de la Résistance et de la Déportation – 1ere partie

Jean Lafaurie, résistant déporté.

Interview de Jean Lafaurie par Julien Le Gros, Yves Blondeau et réalisée par Miguel Vallecillo Mata.

Jean Lafaurie, résistant FTP, déporté à Dachau, a participé à un épisode exceptionnel de l’histoire de la Résistance : la révolte de la centrale d’Eysses. 

Le texte évoque cette révolte dont l’objectif est l’évasion collective 1200 détenus.

La révolte de la centrale d’Eysses

La centrale d’Eysses est une prison installée près de Villeneuve-sur-Lot où les autorités de Vichy avaient rassemblé plus de 1200 résistants communistes.
La stricte discipline des résistants communistes avait permis une organisation exceptionnelle à l’intérieur de la centrale. Les détenus avaient obtenu du directeur le droit de monter un théâtre, d’avoir une chorale, de faire des groupes d’études, des cours (Georges Charpak par exemple donnait des cours de physique), des séances de gymnastique, d’avoir des visites, de repeindre les locaux qui étaient très dégradés, etc.
L’objectif des responsables communistes n’était pas d’améliorer le confort des détenus mais de les préparer en gardant le meilleur moral possible à une évasion collective prévue dans la nuit du 31 décembre 1943, au moment où la surveillance se relâcherait.
En vue de cette évasion, les détenus avaient réussi à faire rentrer des armes: des mitraillettes, des grenades, à faire évader l’un des leurs, Kléber (de son vrai nom Fenoglio), pour qu’il prenne contact avec la résistance extérieure. Ravanel, chef national des groupes- francs des MUR(*) est venu en personne sur place pour étudier les moyens de faciliter cette évasion. Il fallait en effet prévoir des camions pour transporter 1200 hommes, des vêtements, des papiers d’identité, des cartes d’alimentation et des lieux de chute dans des maquis! Tout cela étant mis au point, Ravanel, qui avait aussi prévu le soutien extérieur d’une soixantaine de résistants équipés de mitrailleuses et de mortiers, chargea le chef local des groupes-francs des MUR, Joly ( de son vrai nom Marcel Joyeux), de réaliser l’opération.
Cependant, lorsque au dernier moment, Joly apprit qu’il s’agissait de 1200 résistants communistes, il décida, par anticommunisme, de ne pas faire intervenir les résistants extérieurs. Sans ce soutien, les détenus durent donc provisoirement renoncer à passer à l’action.
Malgré tout, à l’occasion de la visite d’un inspecteur venu de Vichy, les détenus tentèrent le tout pour le tout et s’emparèrent d’une partie de la prison, du directeur, de l’inspecteur, d’une cinquantaine de gardiens et tentèrent la sortie. Mais le tir des mitrailleuses des miradors les bloquèrent à l’intérieur. Les combats durèrent tout l’après-midi du 19 février 1944, toute la nuit aussi. Mais au matin la prison fut encerclée par 3000 miliciens soutenus par des troupes allemandes équipées de canons. La situation des
résistants étant devenu intenable ils rendirent les armes contre la promesse qu’il n’y aurait pas de représailles.
Malgré cette promesse, de nombreux résistants furent torturés pour leur faite dénoncer les chefs de la révolte mais aucun d’eux ne parla, douze d’entre eux furent fusillés et les Allemands de la division Das Reich prirent possession de la prison. Le 30 mai 1944, les 1200 détenus communistes furent déportés, d’abord à Compiègne, puis le 19 juin à Dachau.
Tout au long de leur calvaire les prisonniers conservèrent leur esprit combatif, ce qui n’ empêcha pas que 700 des membres de ce que les prisonniers eux-mêmes ont appelé « le bataillon d’Eysses » perdirent la vie à Dachau.
*MUR, Mouvements Unis de la Résistance. Les MUR regroupent depuis janvier 1943, à la demande de Jean Moulin, les forces militaires des trois mouvements de zone sud: Combat, Libération sud et Franc-Tireur . Ravanel est nommé à leur tête en juin 1943.

Journée nationale de la Résistance, 27 mai 2024

Le 27 mai se sont déroulées les cérémonies de la Journée Nationale de la Résistance. Cette année, pour le 80 ème anniversaire de la Libération, les cérémonies se sont déroulées pendant la matinée dans le 20e arrondissement. Guy Hervy, secrétaire général du Comité parisien de la Libération (CPL), a évoqué, devant chaque plaque mémorielle le parcours du ou des résistants que nous honorions. Raymond Bossus, Bd Davout, Bernard Vanier, Bernard Laurent, Jules Vercruysse, Lucienne Palluy, place de la porte de Bagnolet. Un hommage a été également rendu à Jules Dumont dont la plaque se trouve à quelques mètres de celle de sa compagne Lucienne Palluy. Rue Stanislas Meunier nous nous sommes arrêtés devant la plaque évoquant l’arrestation d’Henri Krazucki. Notre ami Pierre Krasucki était bien sûr présent à cette étape. Nous avons également déposé une gerbe devant la plaque située près de la caserne des Tourelles où près de 8000 personnes ont été internées bien souvent avant leur déportation. La matinée s’est terminée à la mairie du 20e, en présence du maire et de l’adjointe à la Mémoire de la ville de Paris.
L’après-midi s’est déroulée la cérémonie habituelle au 48 rue du Four où s’est tenue la première réunion du Conseil National de la Résistance il y a 81 ans. Un hommage a été ensuite rendu à Jean Moulin devant le monument à sa mémoire au bas des Champs-Elysées. La journée s’est terminée à 18h30 avec une cérémonie à l’Arc de Triomphe.
L’ADVR, membre du Comité parisien de la Libération, a été largement représentée aux différentes étapes de la cérémonies de la matinée et de l’après-midi.

photos de cette journée du 27 mai 2024.