Mardi 13 mars 2018, l’Association de Défense des Valeurs de la Résistance, en partenariat avec le Comité Tlemcen, a organisé une soirée consacrée au thème retenu pour cette année : « Les enfants cachés et les enfants déportés ».
Rachel Jaéglé, empêchée, a été remplacée par Maurice Jakubowicz, du Comité Tlemcen, qui a évoqué la vie de sa famille, une famille juive polonaise de neuf enfants installée dans l’impasse Saumon, aujourd’hui disparue, donnant sur la rue des Amandiers, dans 20e arrondissement de Paris. Le père travaille dans un atelier de fabrication de meubles faubourg Saint-Antoine et la mère s’occupe des enfants.
Dès octobre 1940, avec la promulgation du statut des juifs, la vie des Jakubowicz se précarise.
Le 9 mai 1941 a lieu la première rafle des juifs étrangers. Un oncle de Maurice est arrêté, interné à Pithiviers puis déporté à Auschwitz par le convoi numéro 2. Il reviendra miraculeusement de sa déportation après avoir passé deux ans et demi dans ce camp de la mort.
La famille Jakubowicz échappe à l’arrestation et à la déportation grâce au sens du danger que ressent la mère qui saura éviter de se faire recenser, qui saura cacher tout le monde à la veille des rafles, notamment celle du Vel d’hiv en juillet 1942, qui saura disperser les enfants en province entre février 1944 er la Libération.
Ce sens du danger est partagé par les entants, comme le montre cet épisode raconté par Maurice Jakubowicz. A l’automne 1942, entendant la police arriver, le père se cache sous le lit, cachette dérisoire… Mais quand les inspecteurs de police français demandent où il est, la mère répond: « il est parti et je ne sais pas où ». L’un des inspecteurs prend alors une des fillettes de la famille dans ses bras et lui demande doucement : « où est ton papa? », la fillette de six ans répond: « il est parti depuis longtemps t je voudrais bien le revoir… » Les policiers repartent alors sans même fouiller le minuscule logis de seulement 35 mètres carrés!
Maurice Jakubowicz précise que à la Libération sa famille est la seule survivante des nombreuses familles juives de l’impasse, qu’elle n’a jamais été dénoncée, qu’elle a bénéficié de la solidarité de ses voisins, mais aussi qu’elle a été sauvée par sa grande pauvreté, leurs pauvres biens et le logement minuscule ne pouvant pas attirer les envieux éventuels….
Le témoignage de Maurice Jakubowicz, clair, vivant, émouvant et documenté a ravivé les mémoires sur la criminelle collaboration du gouvernement de Vichy et de sa police.