Destin peu commun que celui de Jules Dumont. Né dans une famille ouvrière pauvre et catholique fervente dans le nord de la France en 1888 il est imprégné de cette culture traditionnelle. Il apprécie la période du service militaire car il aime l’ordre. C’est ainsi que lorsque le premier conflit mondial éclate, il s’engage dès le mois d’août 1914 et, malgré l’horreur des tranchées qu’il connaît en France puis en Orient (jusqu’en 1919!), il ne remet jamais en cause la nécessité de l’ordre et de la discipline. Nommé capitaine dans les derniers mois de la guerre, il est rétrogradé au grade de lieutenant après le conflit, ce qu’il vit comme une injustice et l’amène à démissionner de l’armée. C’est la première étape de sa révolte.
Installé au Maroc, qu’il a connu pendant son service militaire, il découvre les méfaits de la colonisation. C’est la deuxième étape de sa révolte, qui l’amène peu à peu à devenir communiste. Son action lui vaut d’être expulsé du Maroc, emprisonné et déchu de la Légion d’honneur. C’est alors que, par solidarité avec Jules Dumont, ses camarade créent le parti communiste marocain clandestin en 1935.
Devenu un militant communiste actif, Jules Dumont s’engage dans l’action contre l’intervention italienne en Ethiopie et surtout, dès l’été 1936, il rejoint les rangs des combattants républicains en Espagne. Devenu le colonel Dumont, il commande la 14° Brigade internationale. Il participe à de nombreux combats, notamment à ceux de la Cité universitaire.
À son retour en France, il organise l’aide aux combattants républicains internés dans les camps du sud de la France.
Tout naturellement, le militant se transforme en résistant lorsque survient l’Occupation. Il est l’un des premiers responsables de l’Organisation spéciale (OS) qui a donné naissance aux FTP en 1942. Grillé à Paris, il est envoyé dans le nord où, celui qu’on appelle alors « le colonel » multiplie les actions avant d’être arrêté, torturé (il ne parle pas), jugé et condamné à mort. Il est exécuté en juin 1943 au Mont-Valérien.
Cet homme exceptionnel est un oublié de l’Histoire, y compris de celle du parti communiste. C’est pourquoi sa petite-fille, Françoise Demougin-Dumont, par une enquête quasi policière a, sous la forme d’un roman, redonné vie à ce héros injustement méconnu. Un très beau livre.
Y. Blondeau
La promesse de l’oubli, Françoise Demougin-Dumont. Éditions Tirésias.