Tombés du ciel, histoire d’une ligne d’évasion. Éditions du félin, 2005, collection LibertéMémoire. Odile de Vasselot
Dans ce livre passionnant, Odile de Vasselot raconte deux histoires. La première partie est consacrée à la « ligne Comètee », réseau d’évasion d’aviateurs alliés tombés en Belgique. La deuxième raconte la résistance de l’auteur. Bien évidemment, les deux histoires se croisent mais la réussite d’Odile est d’avoir su expliquer le mécanisme, à la fois simple et complexe, de la création d’une ligne d’évasion que l’on peut suivre pas à pas. À partir de la volonté de quelques personnalités exceptionnelles qui souhaitaient aider des soldats alliés à rejoindre leur pays après le désastre de Dunkerque. On voit comment ceux-ci s’organisent pour continuer la mission qu’ils se sont donnée en recueillant ensuite les aviateurs alliés tombés en Belgique. Nemo, (Jean Greindl) l’un des fondateurs n’hésite pas à solliciter tous les maires, curés, instituteurs qu’il peut contacter, et avec quels risques, leur demander de lui adresser les aviateurs qui seraient recueillis dans une ferme ou dans une famille. Ces contacts se font bien sûr à l’aveugle et ce qui est particulièrement étonnant c’est qu’aucune de ces personnes ne dénoncera les membres de la ligne. Après cette première étape, il faut recruter des passeurs, les former, trouver des contacts en Espagne qui permettront le rapatriement par Gibraltar vers l’Angleterre. Mais il faut également trouver des vêtements civils, faire de multiples faux papiers pour passer la frontière belge, la frontière de la zone interdite en France, la ligne de démarcation. La frontière espagnole est quant à elle passée clandestinement. L’âme et la cheville ouvrière de la ligne est une jeune infirmière belge,Dédée (Andrée de Jongh), qui fait preuve d’un sens de l’organisation, d’un courage et d’une volonté exceptionnels.
La résistance d’Odile de Vasselot, abordée dans la seconde partie, est tout aussi passionnante car on voit concrètement comment une jeune fille, que rien ne prédisposait à cela, parvient à se faire admettre dans un réseau de renseignements, le « réseau Zéro», et comment elle parvient ,à l’insu même de ses parents, à transporter régulièrement des documents jusqu’à Toulouse et à en rapporter d’autres jusqu’à Paris. puis, lorsque son contact est arrêté, elle parvient à rejoindre le« réseau Comète » où elle apprend la fonction de passeuse qui consiste à accompagner 2 ou 3 aviateurs alliés de Belgique jusqu’à la frontière espagnole. À la suite d’une dénonciation, les deux « boys » qu’elle accompagnait sont arrêtés alors qu’elle échappe miraculeusement au griffes de la Gestapo. Le réseau a été infiltré et il est littéralement démantelé. Mais il sera reconstitué! Pour sa part, après ces événements, Odile rejoint à nouveau le « réseau Zéro » et son action se poursuit jusqu’après la libération de Paris où elle est arrêtée au cours d’une de ces dernières missions par… des résistants. Sa bonne foi étant démontrée, non sans mal, elle peut reprendre ses activité au service de la Résistance.
Ce livre montre l’héroïsme de cette jeune fille, mais aussi celui de tous ses compagnons dont beaucoup ne verront pas la Libération. Tous ont mené un combat sans armes mais d’une importance primordiale. En effet, les aviateurs alliés sont extrêmement précieux. Leur formation est longue et le remplacement de ceux qui tombent est difficile. Donc chaque homme qui retrouve son poste de combat est d’une importance capitale. De plus le fait que les navigateurs tombés sur le territoire occupé puissent, en quelques semaines, parfois en quelques jours, retrouver leurs compagnons est un atout essentiel pour le moral des combattants. Être signalé « missing »ne signifie pas que les hommes sont morts ou prisonniers ! Cela est un moyen de maintenir le moral et la combativité chez les aviateurs alliés.
Odile de Vasselot nous fait découvrir, et vivre à ses côtés, une page de la Résistance moins connue et moins spectaculaire que la lutte armée mais tout aussi essentielle.