Mercredi 8 avril 2015 à 18h, Mairie du 20e, 6 place Gambetta, salle du conseil
Pour le 70° anniversaire de la capitulation de l’Allemagne nazie, l’ADVR, Association de défense des valeurs de la Résistance a organisé une rencontre autour du témoignage de Odile de Vasselot, Résistante
Odile de Vasselot a été membre d’ un réseau de renseignements, le « réseau Zéro » et d’un réseau d’évasion d’aviateurs alliés : la « ligne Comète ». Elle est est l’auteur d’un ouvrage à la fois historique et autobiographique Tombés du ciel, publié aux éditions du Félin
À l’attention de ceux qui n’ont pas pu venir le mercredi 8 avril à la mairie du 20e écouter Odile de Vasselot.
Nous étions une vingtaine à la mairie du 20e pour ce précieux témoignage qui nous a menés sur les pas d’une jeune fille issue d’une famille de militaires qui, en garnison à Metz, fréquentait les officiers supérieurs dont quelques-uns laisseront leur nom dans l’histoire : le colonel de Gaulle, le général Giraud, le général Delattre…
Odile de Vasselot eut le privilège d’entendre, le 18 juin 1940, l’appel de celui qu’elle ne connaissait que sous le grade ce colonel, le général de Gaulle… Sur un poste à galène fabriquée par son frère ! Elle ignorait alors que cet appel allait être historique.
Très vite, à la recherche d’engagement pour « faire quelque chose » elle intègre le réseau de renseignements «Zéro ». Ce réseau, dirigé par des professionnels du renseignement, utilise Odile de Vasselot, sous le pseudonyme de « Danièle », comme agent de liaison pour le « courrier descendant’, à destination de l’Espagne (pour être ensuite envoyé en Angleterre, via Gibraltar) et pour le « courrier remontant » destiné au réseau. Pour cela, à 17 ans, cette jeune fille qui n’a jamais pris le train seule doit inventer des prétextes justifiant qu’elle « découche » le vendredi soir pour passer la nuit dans le train de Toulouse, et le samedi soir pour une deuxième nuit dans celui de Paris, tandis que sa mère la croit sagement en train de travailler chez une amie à Versailles… Lorsque son contact à Toulouse, Rolande, est arrêté, son chef lui demande de quitter le réseau pour raisons de sécurité.
Odile de Vasselot, au chômage, comme elle le dit, cherche alors une autre voie pour continuer son action en faveur de la Résistance. Elle intègre ainsi la ligne d’évasion «Comète », créée en Belgique et qui convoie les aviateurs alliés, Anglais, Américains, Canadiens, Australiens, tombés air en Belgique, jusqu’en Espagne ou une voiture diplomatique anglaise les transfert à Gibraltar. Le réseau d’évasion Comète est une création extraordinaire : pour parvenir à récupérer les «boys » tombés en Belgique, Nemo, l’un des organisateurs de ce réseau, a contacté un peu partout les médecins, les curés, les instituteurs pour leur dire que si dépaysant ou d’autres personnes les informaient qu’ils avaient recueilli des aviateurs alliés, il devait entrer en contact avec lui. C’est-à-dire que des centaines de personnes connaissaient Ném… Et personne ne l’a dénoncé ! Bien sûr, le réseau devait aussi organiser le transfert par le train en fournissant vêtements, cartes d’identité multiples et en les faisant accompagner. C’est à cette étape du travail
que participa Odile de Vasselot. Lorsque le réseau fut infiltré et démantelé, Odile de Vasselot échappa de peu à l’arrestation. En effet, la Gestapo intercepta dans le train deux aviateurs qu’elle convoyait sans penser un seul instant à interroger cette jeune fille qui pourtant se trouvait au moment de l’arrestation entre les deux aviateurs…
Le coût humain du sauvetage de ces aviateurs fut très lourd pour les Belges et les Français qui participèrent à la « ligne Comète », mais le bénéfice pour les Alliés fut considérable. Le moral des aviateurs qui partaient en mission, voyant que leur camarade abattus pouvaient revenir (parfois au bout de quelques jours, souvent au bout de quelques semaines) fut renforcé. De plus former un aviateur était à la fois coûteux et long…et chaque « boy » avait une valeur inestimable pour le combat à mener contre le nazisme.
Odile de Vasselot nous a ainsi fait comprendre à la fois l’importance de ce type d’action résistante et l’extrême danger couru et parfois payé au prix fort par ceux qui participèrent à ces réseaux. Après le démantèlement de la « ligne Comète », Odile de Vasselot reprit son travail au «réseau Zéro ». À ce poste elle vécut une expérience unique, qui aurait pu être dramatique, de la libération de Paris. Alors qu’elle se préparait à aller acclamer le général de Gaulle sur les Champs-Élysées, le 25 aout 1944, son responsable lui confia une nouvelle mission. Il s’agissait d’aller dans le Nord chercher des renseignements importants. Mais si Paris était libéré, la banlieue ne l’était pas et; pour aller dans le Nord il fallait franchir les lignes françaises et allemandes! En tentant de passer les lignes françaises Odile de Vasselot est arrêtée, suspectée d’intelligence avec l’ennemi puisqu’ aucune personne sensée ne pouvait souhaiter se rendre en territoire contrôlé par les Allemands alors que Paris était libéré… Interrogée, elle ne put ni donner le nom de son chef, ni son adresse, évidemment Internée, elle s’attendait au pire. Cependant un commissaire de police qui l’interrogea prit le temps de vérifier sa situation. A sa demande, il appela le grand-père d’Odile, qui était général, et put justifier de l’identité de sa petite fille qui n’avait rien d’une collaboratrice !
Libérée, elle reprit sa mission vers le Nord, en vélo, accrochée à des camions américains, elle dut alors à nouveau franchir les lignes : américaine puis allemandes, ce qui ne fut pas simple, et accomplir sa mission. La personnalité de 10 le vase clos, sa simplicité, sa modestie, puisqu’elle se présente comme 1 petite résistante (!) Ont beaucoup impressionné les personnes présentes. Nous la remercions de son témoignage, de son engagement au service de la mémoire, et nous sommes fiers de la compter parmi les membres de notre association.
Yves Blondeau