Commémoration du 8 mai 1945
Fleurissement de la plaque commémorative rue de Ménilmontant, Pont de la Petite Ceinture (8 mai 2023)
Nous nous trouvons à l’endroit où a eu lieu le 23 août 1944 l’attaque victorieuse de trois trains allemands de munitions et de soldats sous le tunnel de Ménilmontant, attaque au cours de laquelle cinq résistants ont perdu la vie. L’autre bout du tunnel se situe à la sortie des Buttes-Chaumont, à la gare de Belleville-Villette.
Ce 23 août, un train de munitions stationne sous le pont de la rue Manin.
Un deuxième train venant de la gare de Bercy et « mal aiguillé » (intentionnellement) par les cheminots de la gare de Ménilmontant, vient percuter ce convoi (il faut savoir que les cheminot CGT de la région parisienne avaient déclenché dès le 10 août une grève insurrectionnelle).
Puis un troisième train de troupes allemandes arrive, mais il est stoppé par des rails déboulonnés.
Dans cette opération, plusieurs organisations de résistants interviennent, notamment les FFI des 19è et 20è arrondissements. Le colonel Rol-Tanguy désigne Madeleine Riffaud et son groupe pour attaquer le train du côté des Buttes- Chaumont. De ce côté-ci, ce sont les résistants FFI du groupe Piat qui immobilisent le train de soldats. Au cours des échanges de tirs, cinq résistants sont tués.
Selon le témoignage d’Annie et Roland Fantauzzo, résistants aujourd’hui décédés, le groupe Piat fait alors intervenir un résistant allemand, Peter Menden, dont le rôle dans la Résistance était de « travailler » parmi les soldats allemands et qui vivait rue de la Py, chez des résistants du quartier (la famille Deroche), pour qu’il aille persuader les soldats allemands de se rendre : les FFI avaient en effet préparé 200 kilos de soufre pour enfumer le tunnel.
Et donc, plutôt que d’être asphyxiés, car la sortie des Buttes-Chaumont était également bloquée par le groupe de Madeleine Riffaud, les soldats ont préféré se
rendre (les chiffres varient selon les sources : entre 40 à 80 Allemands sont faits prisonniers) ; 14 wagons d’armement et de matériels de guerre sont pris.
Les résistants tués dans cette bataille sont : François Boltz, qui habitait 26 rue Piat, Louis Godefroy, 11 rue des Envierges, Léon Adjeman, Boulevard Davout
Et parmi les « deux inconnus » signalés sur la plaque, l’un a été identifié : Joseph Piété, né en 1921 à Rostrenen, Finistère.
Nous rendons donc hommage à ces résistants, morts pour notre liberté.
Et pour conclure, et relier le passé au présent, cet endroit de la Petite Ceinture
est donc un haut lieu historique à préserver, comme son caractère ferroviaire, car elle fait encore partie du Réseau ferré national et n’est pas désaffectée, contrairement à ce que l’on croit souvent.
Le Conseil de Paris, à l’initiative du groupe communiste et citoyen et de la Convergence du Rail, a émis un vœu en juin 2022 pour que soit relancée son activité ferroviaire (conciliable avec une mixité des usages : espaces verts et promenade aménagée) mais, depuis, le comité de pilotage prévu n’a pas été mis en place. La SNCF, contactée à ce sujet par la Convergence du Rail, a répondu favorablement au maintien de la Petite Ceinture comme moyen de transport ferroviaire.
Nous serions dans dans la lignée de ces résistants qui se sont battus pour une vie meilleure et pour le bien commun en nous emparant de cette question et en agissant pour faire avancer l’usage de ce transport en commun dont l’urgence climatique devient de plus en plus évidente.