Interview de Roger Trugnan, résistant, déporté à Auschwitz, réalisée par Yves Blondeau, en 2007

Roger Trugnan (1923-2016) commence à résister dès le mois de novembre 1940. Il fonde très vite un groupe de trois camarades dont l’un n’est autre que Marcel Rayman qui sera par la suite membre du groupe Manouchian et qui figure sur l’Affiche rouge. Puis, intégré dans la MOI, il devient le responsable pour le 11e arrondissement de l’action des jeunes résistants communistes dont le responsable pour Paris est Henri Krasucki. Roger Trugnan se consacre essentiellement à l’information, en faisant des lâchers de tracts sur les marchés, allant jusqu’à distribuer les tracts dans les rames du métro ou à la sortie des stations!
A la suite d’une traque de plusieurs mois, de très nombreuses arrestations ont lieu le 23 mars 1943 dont celles de Roger Trugnan, Sam Radzynski, Henri Krazucki et sa compagne Paulette Sarcey. Tous sont arrêtés et interrogés brutalement par des policiers français et Roger Trugnan confie « j’avais honte pour eux ».
Livrés aux Allemands, ils sont incarcérés puis déportés à Auschwitz. Roger et Henri resteront ensemble pendant toute la période de leur déportation.
Ils sont affectés dans une mine annexe du camp d’Auschwitz où la durée moyenne de vie n’excède pas trois mois. Ils tiennent cependant six mois… avant de rejoindre des chantiers de construction moins durs où la solidarité des ouvriers polonais les aide à tenir.
Lors de l’évacuation du camp, le 18 janvier 1944, Roger, Henri et Sam effectuent « les marches de la mort » et se retrouvent à Buchenwald. En contact avec la résistance intérieure du camp, ils participent à l’insurrection de la « brigade d’action libératrice » qui permet; le 11 avril 1945, de libérer le camp juste avant l’arrivée des Américains.
Roger militera au parti communiste jusqu’au bout puisque, lors de l’interview que j’ai eu la chance de réaliser avec lui, il m’a reçu dans son bureau où il était chargé des relations internationales, au siège du PCF, place du colonel Fabien. Il sera également un actif militant de la mémoire, et en particulier, il participera jusqu’à la limite de ses forces aux rencontres du lycée Hélène Boucher.